L’armée choisit de précipiter l’affrontement

C’était trop beau, le plan suggéré par El Moudjahid n’a pas été retenu. Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la Nation, la chambre haute du Parlement algérien a été élu mardi président par intérim par les deux chambres réunies. L’élection du nouveau président devra intervenir dans les 90 jours.

Ahmed Gaïd Salah a choisi de défier les manifestants qui réclament le départ de l’ensemble des caciques, dont lui. C’est un très mauvais signe pour la suite. Des milliers d’étudiants l’ont fait savoir dès l’annonce à Alger, mais ils ont été dispersés par une police qui jusqu’à maintenant laissait faire.

Le goût inoubliable de la liberté

Ahmed Gaïd Salah, le chef d’État-major de l’armée, est à fond de cale. L’offensive éclair contre la corruption qu’il a mené cette semaine contre le clan Bouteflika et les oligarques n’a en rien entamé l’exigence des centaines de centaines de milliers de manifestants qui, pour la 7ème fois, ont envahi les rues des grandes villes du pays afin d’obtenir un assainissement général. « Nous avons dit tous, c’est tous ! ».

L’épreuve de force est engagée dedans et dehors du système

 

Le clan Bouteflika aura tout tenté avec l’annonce de la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale laborieusement constituée. Mais son départ apparait comme inévitable. Il va démissionner d’ici la fin de son mandat, le 28 avril, a annoncé la présidence, pour éviter l’affront d’un « empêchement » et tenter de négocier une issue pour protéger ses proches. Toutes les rumeurs avaient ce matin circulé pour faire pression sur lui, dont la mobilisation de la Gendarme nationale. L’arrestation de personnes suspectées de corruption a un avant-goût d’épuration a dimension variable. Aucun nom n’a été donné à ce stade.

De quoi être fier des Algériens

C’est à n’y rien comprendre pour tous ceux qui n’ont pas vécu de près le quotidien algérien depuis longtemps ! La liste du nouveau gouvernement rendu publique par le nouveau Premier ministre chargé de la constituer, l’ex-ministre de l’intérieur Noureddine Bedoui, aligne comme vice-ministre de la défense le général Ahmed Gaïd Salah qui a pris fait et cause pour le renvoi d’Abdelaziz Bouteflika ! Certes, l’Algérie est un chaudron où bouillent toutes les rumeurs – qui ne manquent pas – mais on est là devant une annonce officielle qui ne craint pas de cultiver le paradoxe de la manière la … Lire la suite

L’armée cherche à trancher à moindre frais

Ne s’embarrassant pas de subtilités, le général Ahmed Gaïd Salah a proclamé que « la majorité du peuple algérien, à travers les marches pacifiques, a accueilli favorablement la proposition  de l’armée », qui demeure « immuable ». Elle seule « s’inscrit dans le cadre constitutionnel et constitue l’unique garantie à même de préserver une situation politique stable, afin de prémunir notre pays de toute situation malencontreuse » précise un communiqué du ministère algérien de la Défense pour s’il était encore nécessaire, dissiper tout malentendu.

La deuxième libération de l’Algérie en question

Les raz-de-marée populaires se poursuivent de vendredi en vendredi dans toutes les grandes villes algériennes. Toujours aussi joyeux, décontractés et pacifiques, les manifestants font preuve d’une ironie mordante à l’égard du « système » dont ils exigent sans se lasser la fin. Tout comme si le peuple algérien avait retrouvé son identité dans la rue et la contestation. Signe des temps qui ont changé, il n’est plus question pour les jeunes algériens d’aller construire leur vie ailleurs, mais de construire leur pays. L’idée de la libération de l’Algérie une deuxième fois est dans l’air !